Nairobi, 06 novembre, 2025 / 8:09 PM
Lorsque le sol a tremblé et qu’un rugissement assourdissant a déchiré la nuit du 31 octobre, les Sœurs Missionnaires Bénédictines (OSB) de Chesongoch, au Kenya, ont d’abord cru à un dysfonctionnement du générateur. Mais des cris désespérés à la porte du couvent ont rapidement révélé une vérité terrifiante.
« Sœurs, ouvrez la porte ! Laissons-nous mourir ici ensemble ! » criaient les villageois tandis que les eaux déchaînées et un glissement de terrain massif engloutissaient les maisons le long de la rivière.
« Ce n’était pas le générateur. C’était la rivière qui débordait. Nous savions que c’était la fin », se souvient Sœur Lilian Muoti Raymond dans un témoignage partagé avec ACI Afrique le jeudi 6 novembre.
Une nuit de chaos et de prière
L’hôpital de mission de Chesongoch, situé dangereusement près de la rivière, était rempli de patients. Les Sœurs ont couru contre les eaux montantes pour évacuer les malades vers le couvent, situé sur un terrain légèrement plus élevé.
« Il y avait beaucoup de chants, de prières et de désespoir. Les gens se raccrochaient à leur foi, car la mort semblait si proche », raconte Sœur Lilian.
À l’aube, le silence a révélé l’ampleur de la catastrophe : des vies perdues, des maisons ensevelies sous la boue et l’hôpital autrefois actif devenu méconnaissable.
« Quand une partie du corps souffre, tout le corps souffre », réfléchit-elle.
Un hôpital en ruines
L’hôpital, vital pour des milliers de personnes dans cette région isolée, offrait des services de maternité, de chirurgie, de dentisterie et de radiologie. Aujourd’hui, une grande partie de son infrastructure est détruite.
« Nos générateurs et notre stabilisateur de courant ont été emportés. Plusieurs lits sont détruits, notre source d’eau a disparu et nous n’avons plus d’électricité », déplore Sœur Lilian.
Avec les services médicaux inondés, les salles de classe ont été transformées en centres de soins improvisés.
« C’est douloureux, car c’est le seul hôpital de la région avec un bloc opératoire et des services de transfusion sanguine », ajoute la Sœur OSB.
La foi comme ancre
Malgré la dévastation, l’espérance des Sœurs reste intacte.
« Je sens que l’Année de l’Espoir était pour nous. Sans prière et foi, il est facile de perdre l’essence de la vie », explique Sœur Lilian, faisant référence à l’Année jubilaire 2025 de l’Église catholique.
Elle puise sa force dans les épreuves passées que Dieu les a aidées à traverser.
Malgré les pertes, les Sœurs ont été témoins d’une solidarité extraordinaire.
« La Croix-Rouge, le Ministère de la Santé, les Forces de Défense du Kenya et la Gestion des Catastrophes sont sur le terrain », indique-t-elle, ajoutant que la Conférence des Évêques catholiques du Kenya (KCCB) et le diocèse catholique d’Eldoret apportent également leur aide.
Les habitants locaux ont fait preuve d’une profonde gratitude, invitant les Sœurs à rejoindre le comité de réponse aux catastrophes.
Reconstruire avec courage
Les Sœurs se concentrent sur le rétablissement temporaire des services de santé tout en planifiant la reconstruction.
« Les personnes de bonne volonté peuvent nous aider avec de la nourriture, des médicaments, le remplacement des machines détruites et la construction d’un incinérateur. Si elles n’ont rien à offrir matériellement, les prières et encouragements sont importants », lance Sœur Lilian.
À l’Église et à la nation, elle dit : « Tenons-nous ensemble et prions les uns pour les autres. Ne perdons jamais confiance en Dieu. Face à l’intensité des inondations, je m’attendais à ce que notre hôpital soit emporté, pourtant tous les patients ont été sauvés. »
(L'histoire continue ci-dessous)
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Pour les membres de l’OSB à Chesongoch, cette tragédie a renforcé leur vocation. Leur devise — « Nous soignons, Dieu guérit » — n’a jamais été aussi réelle.
Même entourées de boue et de pertes, leur foi s’élève au-dessus des inondations.
Sœur Michelle Njeri, membre des Sœurs franciscaines de l’Immaculée Conception (OSF) au Kenya, a contribué à cet article.
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